04 Octobre 2010
● Après le long et obscur feuilleton ayant conduit à la nomination d'un collège d'entraîneurs, l'on serait vraisemblablement entrain d'assister impuissant au renouvellement de pratiques d'une autre époque. Pratiques ayant par le passé dévoilé à la planète football l'authentique amateurisme de la gestion du football camerounais et révélé la médiocrité de l'organisation de ce sport que l'on dit roi. L'observation des dernières listes des vingt trois devant défendre les couleurs du Cameroun conduirait le moins averti des quidams à se poser des questions sur le caractère purement footballistique du choix des joueurs. Leurs publications sont désormais marquées du puéril sceau de la justification, preuve que ce choix est parfaitement discutable.
Les Lions et leur staff sembleraient avoir à nouveau revêtu le manteau de la fierté béate qui les a conduits de façon rectiligne derrière les barreaux de la médiocrité. Le public sportif camerounais ne serait il pas une fois encore entrain de se laisser abuser par deux victoires annoncées sur des équipes de seconde zone ? Ne commettrait-il pas une fois de plus l'erreur de placer sa sélection au firmament du football mondial ? Sans vouloir être insultant à l'endroit de ces sélections, une victoire contre elles ne saurait être considérée comme l'accomplissement d'un challenge. La Pologne, soixante-sixième sélection mondiale et toujours en reconstruction, tarde à retrouver son lustre de l'ère Boniek. La « flatteuse » cent quatre vingt treizième place de Maurice aurait encore moins dû exalter nos « guerriers » à la fin du combat.
On ne change pas une équipe qui gagne !
Ardente défenderesse du sélectionneur local, la majorité des « aficionados », assistant une fois de plus à l'arrivée sur le banc de touche d'un commandant en chef étranger, a dû avaler des couleuvres. Elle s'est trouvée une certaine consolation dans la présence remarquable des ses lieutenants aux couleurs locales. La face visible du renouvellement du sport le plus populaire du pays aura été la publication de la liste des vingt trois Lions, que je ne qualifierai pas pour l'heure d'indomptables.
Il serait déraisonnable de parler des trois dernières listes de joueurs convoqués sans revenir sur l'échec cuisant de la campagne sud-africaine. Déculottée qui sous d'autres cieux aurait plutôt servi de fondation à la relance du football. De détestables rumeurs émanant des vestiaires et balayées du revers de la main par les autorités sportives sembleraient aujourd'hui être confirmées par la mise à l'écart tacite de certaines fortes têtes qui auraient appartenu à cette époque aux « clans » inappropriés.
Si sur le plan sportif, cette mise à l'écart avait été justifiée par la présence de jeunes gens capables de suppléer efficacement à ces « pestiférés » la question ne se poserait pas. Mais comment expliquer l'absence d'un des tous meilleurs milieux de terrain au monde et la présence d'un joueur dont les états de service bien qu'indiscutables, se traîne aujourd'hui, comme une âme en peine dans le milieu de terrain d'un club français. Comment expliquer en outre la présence dans cette liste de certains garçons privés de temps de jeu, car au chômage. Leur présence en équipe nationale ne résulterait- elle que d'imbrications familiales avec certains responsables du football ? Si cette présence avait été soutenue par des performances remarquables en club, elle n'aurait en soi posé aucun problème. Elle est plutôt platement justifiée par l'un des entraîneurs de l'équipe par la formule « on ne change pas une équipe qui gagne». Il est certes manifeste que cette équipe se remet à gagner, mais contre qui gagne-t-elle ? Vive la construction du football camerounais !
Le show du capitaine
Dans un contexte ou l'on parle de modernisation du football, quelle est la place à donner au show télévisé de deux figures majeures du football camerounais, l'une appartenant au passé, l'autre au présent. Pêle-mêle, l'assistance a pris part à une séance de « tunning » inutile pour une star confirmée, une pathétique mise en scène de réconciliation entre une ancienne gloire et son « fils» et une exposition d'un narcissisme superflu. Une telle mise en scène est-elle opportune ? Leurs disputes ayant pollué le mondial, leur réconciliation ne polluera-t-elle pas la refondation? Le timing de ce duo ne focalisera- t-il pas plus l'attention que la rénovation ?
Et après ...
On aura beau essayer de nous distraire avec des pitreries diverses sous forme de conférences, mais de mon point de vue, une restructuration efficace du football camerounais nécessite une organisation claire et lisible de ses structures et des synergies entre elles. Une finale de coupe du Cameroun à date moins variable en constituerait déjà le préambule. Date pour l'instant dont seuls les extra- terrestres semblent aujourd'hui détenir le secret.
Au lieu de considérations nébuleuses, la sélection de joueurs en équipe nationale devrait reposer sur des critères dont les majeurs seraient la compétence et l'efficacité dans le collectif. L'édification de l'équipe nationale actuelle devrait se faire autour de sa star mais certainement pas pour elle. L'équipe bénéficierait de sa stature, de son aura et nous l'appelons de tous nos vœux, de l'efficacité généreusement offerte à ses clubs respectifs mais rarement avéré - dans les moments décisifs - en sélection. Les égos des uns et des autres - quelque soit leur stature internationale - devraient être solubles dans une cause aussi élevée que celle de porter les couleurs de sa nation.
Alain-François EPEE
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Commentaires
Tout est dit dans ton analyse, je vais aller plus loin, comment accepter et ne rien dire, quand on se rend compte que l'équipe nationale du Cameroun est prise en otage par un seul joueur, qui de part ses déclarations et ses prises de positions, nous donne plutôt l'impression de jouer le rôle d'entraineur, de président de la FECAFOOT, du Président de la république du Cameroun tout court ?
L'équipe nationale d'un pays n'est-elle pas la sélection des meilleurs joueurs d'un pays ?
Comment ( et je copie sur toi ici ) justifier l'absence de certains joueurs dont les qualités sont partout louées ? Et enfin, comment expliquer la présence de certains qui ne jouent quasiment pas du tout, car sans club ?
Au cours de la pseudo conférence de presse donnée au Cameroun par l'actuel capitaine des Lions, l'avant centre de l'Inter de Milan laissait entendre qu'il avait fait son rapport au Ministre de la Jeunesse et des Sports et au Président de la FECAFOOT, pour expliquer les raisons des piètres prestations de nos Lions lors de la Coupe du Monde en Afrique du Sud et qu'il avait par la même occasion fait des propositions qui rendraient à notre équipe nationale ses lustres d'antan... Nous attendons toujours les conclusions de ces rapports, mais force est de constater que certains joueurs, ne sont plus appelés, malgré leurs talents!
Nous ne sommes pas loin de certaines pratiques, et nous sommes partis pour faire mal...encore mieux!
Merci encore Alain-François de nous rappeler à chaque fois, par tes analyses que l'équipe nationale du Cameroun est une affaire de tous les Camerounais, quand elle joue bien, elle fait notre fierté. Nous voulons reconnaitre en elle certaines valeurs quand elle ne gagne pas et ça, il faudra peut être encore attendre un moment...